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LA MAGIE DES CONTES

Le soir de Pumpkin

Un soir d’automne, Adam et sa famille passaient l’Halloween dans une rue sinueuse, la plus sombre du village. La noirceur s’y installait. Arrivés à une habitation plutôt obscure, Adam, suivi de sa petite sœur Eva, avança dans l’allée de pierre, avec, en main, un sac en plastique rempli de quelques bonbons. La récolte n’était pas fructueuse cette année. Des hurlements, comme des rires de sorcières, résonnèrent dans leurs oreilles. Rien ne pourrait les empêcher d’avoir des bonbons.


Pour plusieurs enfants, le soir de l’Halloween est un moment excitant où tous s’empiffrent de tonnes et de tonnes de bonbons. Il ne faut donc pas faire fi de la tradition ! Adam, âgé de 9 ans, y était fidèle depuis sa naissance, vous dirait-il ! Pour lui, il était hors de question de passer à côté d’une seule et infime friandise, le 31 octobre.


Les deux enfants gravirent nerveusement les marches. Près de l’imposante porte, ils sonnèrent, et celle-ci s’ouvrit après quelques secondes, dans un sinistre craquement. Un œil, un cigare dans une bouche, puis un chapeau de marin apparurent dans l’ouverture. Un homme âgé d’une cinquantaine d’années, qui portait un couvre-œil comme les véritables pirates, avec un perroquet juché sur son épaule, les salua tandis que l’animal l’imitait.


- Farces ou friandises, s’écrièrent les enfants face au vieil homme devant eux, malgré le trémolo dans leur voix.


En dépit de sa fausse jambe de bois qui le ralentissait dans sa démarche, l’hôte leur offrit de nombreuses friandises, placées dans l’escalier de bois.


- Peu de matelots ont osé s’aventurer par ici, dit ce dernier en brandissant un faux pistolet. Pour vous montrer ma gratitude, je vous offre deux doublons pris dans mon coffre aux trésors secret.


La gentillesse du vieil homme leur fit oublier leurs craintes et ils tendirent leur main pour recevoir l’argent. Sous les

« bon voyage » du Capitaine, les enfants traversèrent le jardin pour rejoindre leur mère, heureux de leur récolte.


Après avoir sillonné les rues du village, Adam et Eva avaient rempli leurs sacs de bonbons : plus un seul ne pouvait désormais entrer dans leurs sacs, au risque de tomber. Chantale, leur maman, proposa donc :


- Nous pourrions faire un dernier arrêt à la maison hantée du Club optimiste de Wotton avant de rentrer à la maison. On y offre diverses friandises aux enfants. Qu’est-ce que vous en pensez ?


- Oui ! s’exclamèrent les enfants.


Une ambiance de mystère, ou plutôt d’horreur, régnait dans la maison hantée. Tout était noir. Le trio peinait à mettre un pied devant l’autre sans trébucher. Un gardien les éclaira de sa lampe torche pour les aider. Adam descendit les trois petites marches avant d’arriver au sol. Au gré de leurs pas de souris, des languettes de sacs à poubelle, suspendues au plafond, leur frôlaient les épaules, tandis que des craquements de porte, des rires de sorcières et des grognements se faisaient entendre. D’un vieux piano désaccordé sortait des sons lugubres. Après quelques pas, Eva se mit à pleurer.


- Termine le parcours, Adam, dit sa mère, je vais t’attendre à la sortie avec ta petite sœur ; elle a trop peur.


Adam continua courageusement, les deux mains humides sur son sac de bonbons à l’effigie de Dracula. Plus il avançait tranquillement dans les couloirs, plus sa peur diminuait. À chaque tournant, le mécanisme qui se déclenchait l’effrayait de moins en moins : une personne enveloppée dans des toiles d’araignées touchait les bras des visiteurs et une autre, suspendue au plafond parmi des objets qui émettaient du bruit, tentait de leur faire peur. La maison n’effrayait plus le rouquin. Lorsqu’il arriva au bout du corridor, au dernier virage, une lumière orangée, à travers des languettes de sacs à poubelle, l’aveugla. Il s’approcha. Après s’être assuré que personne ne le voyait, il souleva une toile noire : encerclée de languettes, une mini-citrouille brillait de mille feux. Les mains curieuses du garçon la soulevèrent et le sol se mit à trembler sous ses pieds.

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