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LA MAGIE DES CONTES

Easter le Lapin

 

En ce matin de printemps, la colline était calme, chaleureusement couverte des rayons du soleil qui éclairaient l'horizon. Une douce brise remuait les herbes longues, amenant avec elle quelques pollens. Des oiseaux se taquinaient sur un tronc d’arbre mort, tout en émettant de joyeux gazouillis. Au-delà du grand bout de bois, un terrier était caché dans la plaine. Affolé, un magnifique lapin blanc y pénétra en jetant de nombreux coups d’œil furtifs derrière lui. En descendant dans le sol, la fraîcheur des lieux se faisait davantage sentir. L’animal s’arrêta pour écarter un drap de laine déchiré afin de pénétrer dans une pièce où un coq, un lièvre et une taupe discutaient.

   

- Comment as-tu osé laisser l’usine ouverte? fulmina le coq. En te laissant partir le dernier, Taupe, j’étais certain que tu ferais le travail comme il se doit.

- Ma vue ne s’améliore guère, protesta la taupe. Je crois que tu le sais déjà, alors ce n’est pas le moment de me sermonner.

- Il est peut-être temps de changer de gardien. L’usine ne peut être en sûreté avec un aveugle parmi nous.

 

Le lapin blanc se plaça entre ses compagnons pour les empêcher d'en venir aux coups :

 

- S’il vous plaît, mes amis. Ce n’est pas le temps de se dire des bêtises. Nous sommes tous un peu déboussolés par les nouvelles, mais pourquoi blâmer nos plus fidèles associés.

 

Le coq et la taupe se croisèrent les bras, refusant de s’excuser. Le lapin se fraya donc un chemin entre eux pour s’installer à son bureau. Le lièvre ferma son bouquin et rangea ses lunettes pour interroger le directeur de l’usine :

 

- Avez-vous trouvé quelque chose dans le parc, Easter?

- Non, malheureusement. Les dispositifs pour installer les œufs sont toujours en place, mais je n’ai trouvé aucune piste. Je risque ma peau en restant trop longtemps dans le monde des humains. Nous devrons changer de plan. Nous ne pourrons mener l'enquête.

- Que faisons-nous alors pour l’usine? demanda le coq. La fête de Pâques est dans quelques jours et dix jeunes poussins pondent maintenant des œufs blancs. La contagion peut encore atteindre plusieurs poussins d'ici Pâques.

- Mmm, réfléchit le grand lapin. Dans quel état est notre réserve, Lièvre?

- Les œufs en chocolat que nous avions congelés l’année dernière sont déjà écoulés. Il ne reste que ceux que nous avons entreposés jusqu’à maintenant.

- Et combien en avons-nous?

- Près d'une centaine si je me souviens bien, répondit la taupe.

- Nous ne pouvons donc pas remplacer les œufs blancs par d'autres en chocolat, puisque nous n’en avons pas assez.

- Exactement.

- Décidément, ce phénomène est étrange, dit le lapin en consultant un grand livre.

 

Les trois adjoints restèrent silencieux en regardant leur maître farfouiller dans ses papiers. L’angoisse était palpable dans la pièce. La fête de Pâques était dans trois jours, et les œufs n'étaient pas prêts. Les enfants n'auraient pas suffisamment d’œufs pour la chasse, qui ne pourrait donc pas avoir lieu. Jamais dans sa carrière Easter n’avait eu une telle malchance. Les jeunes enfants comptaient sur lui pour que la magie de Pâques puisse opérer. Il n’avait jamais déçu personne auparavant.

 

- Qu’allons-nous faire si tous les poussins attrapent le virus? s’inquiète Coq.

- Je crains que la fête de Pâques ne puisse avoir lieu, répondit Easter du tac au tac.

- Mais si la chasse est annulée, les enfants ne croiront plus en notre monde, s’inquiéta Lièvre.

 

Sur le pas de la porte, un petit poussin intrépide espionnait les adultes. Il avait profité de sa pause à l’usine de décoration des œufs pour quitter le terrier. La vive conversation dans le bureau général l’avait arrêté. La discussion l’inquiétait. Il devait faire quelque chose pour les aider. Soudain, une idée lui vint à l’esprit. Le poussin s’éloigna du rideau, qui bougea à son passage, et sortit avec hâte du terrier, avant que la taupe ne retourne à son poste de guetteur.

 

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