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Jamais deux sans trois

Ce roman allie l'auto-fiction et le magasine. 

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Histoire d' Odélia

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Je me stationne près de la boutique, juste en face d’un petit restaurant. Mon meilleur ami se tient debout devant une vitrine avec un bouquet. Je sors de ma voiture et agite ma main droite en signe de salutation. En m’approchant de lui, je réalise que ce sont des tournesols. Une de mes fleurs préférées ! C’est tellement gentil.

 

– Salut Fred ! C’est agréable de te revoir : déjà presque trois mois. On s’est écrit, mais ce n’est pas pareil !

 

Mon meilleur ami est parti en vacances chez ses parents depuis avril. Ce repos lui a sans doute apporté beaucoup de bien, puisqu’il a trouvé sa troisième année difficile. L’ensemble de ses travaux étaient terminés à la dernière minute. Je lui ai toujours suggéré d’effectuer ses devoirs le plus rapidement possible pour éviter les remises tardives. Il veut devenir enseignant. Il a du courage, ce n’est pas moi qui choisirais ce métier-là.

 

– Salut Odélia ! me dit-il en me présentant ses deux bras. Voici un cadeau pour toi.

 

– Merci, m’exclamé-je en prenant le bouquet que Fred me tend tout en lui donnant la bise.

 

Un carton « Joyeux anniversaire Odé » et une breloque décorent le présent. C’est une petite pomme rouge. Quelle délicate attention ! Cela me rappelle lorsque nous étions allés dans un verger pour sa fête. C’est l’un de nos souvenirs les plus mémorables.

 

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Le 28 septembre de l’année passée

  

Anniversaire de Fred.

Je décide de l’amener aux vergers, puisque nous aimons les pommes tous les deux.

 

Je ferme la porte de la voiture de Fred. Nous entrons à l’intérieur pour acheter nos billets. L’employé au comptoir nous indique qu’un tour à cheval débute dans quelques minutes. Je convaincs mon ami d’y aller avant notre cueillette. Lorsque nous arrivons près de la calèche, Fred se dirige vers l’entrée des bancs. À peine ai-je eu le temps de l’avertir qu’il met son pied dans des excréments de cheval. J’attrape un fou rire, tandis qu’il me regarde, l’air humilié.

 

 

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Nous marchons en direction du bâtiment qui allait nous offrir une collation divine : du chocolat.

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Histoire d' Allie

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Mon sac de commissions en main, je marche en direction de mon appartement. Bien sûr, ma meilleure amie ne voulait pas se mouvoir, alors j’ai dû m’en occuper.

 

L’autobus de ville roule près de moi faisant virevolter ma chevelure au vent. Malgré mes mains chargées, je tente d’enlever les cheveux collés à mon brillant pour les lèvres. Le moyen de transport s’arrête à l’abri-bus de l’intersection à quelques mètres de moi. Une seule personne y débarque. Jake. Il se dirige dans la même direction que moi. Il ne sait donc pas que je marche derrière lui. Mes pieds joggent pour le rejoindre.

 

– Jake ! crié-je pour le ralentir. Attends-moi !

 

Son corps s’arrête brusquement et pivote vers moi. Son visage s’illumine.

 

– Salut Allie ! Qu’est-ce que tu fais ? Tu as fait des commissions ? me demande-t-il en jetant un œil à mon sac.

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– Oui, Beth et moi devions faire des petites courses avant ce soir. Elle m’a ordonné d’acheter beaucoup d’alcool. Je ne crois pas que nous allons boire tout ça, mais bon, on les utilisera plus tard.

 

– Je vois.

 

– Et puis, est-ce que tu as de nouvelles aventures dans ta vie ? changé-je de sujet.

 

– Non, c’est tout du pareil au même. Il y a rien de neuf depuis qu’on s’est parlé.

 

– Pas de fille en vue ?

 

– Ah non.

 

Il semble légèrement gêné comme s’il me cache quelque chose. Mais, regardons le bon côté des choses, il demeure disponible. Je ne sais pas si je devrais tenter ma chance de nouveau. Le 5 à 12 occasionnera peut-être des avancements.

 

– Voilà, je suis rendue à mon appartement. On se voit tantôt, hein ?

 

– À tantôt Allie !

 

Je marche sur le petit trottoir jusqu’à la porte d’entrée. La serrure du bâtiment débarrée, je jette un regard derrière moi. Le corps de Jake se tient immobile et ses yeux sont braqués sur moi. Je ris timidement. Je lève ma main gauche pour le saluer.  

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Histoire de Magdeleine

 

Je claque la porte du véhicule jaune en tirant de toutes mes forces ma valise à l’imprimé léopard. Pour le peu de pas effectués sur le trottoir, mes pieds transpirent dans mes bottillons. Empressée, je sors mes clés de ma sacoche pour les enfoncer dans la serrure. J’ouvre la porte d’entrée de mon appartement et l’air conditionné apaise automatiquement mon corps bouillant. Une odeur de framboise emplit mes narines. Mon amie est sans doute passée récemment. Épuisée, je me dirige rapidement dans ma chambre. Lorsque je pousse la porte, mes yeux se posent sur mon lit. Défaite de mon attirail, j’y plonge la tête en premier. Que c’est bon de revenir chez soi ! Mes oreilles enfouies dans ma couverture entendent péniblement la voix de mon amie :

 

– Mag ! Mag ! Tu es de retour ! Oh mon Dieu !

 

Elle me saute dessus sans que mon corps ait pu exécuter le moindre mouvement. Annie rebondit sur mon derrière comme si elle s’entraînait avec son ballon d’exercice. Sa tête se vautre dans mon dos, puis sa voix me perce presque les tympans :

 

– Antho ! Magdeleine est de retour, après presque trois semaines : viens nous rejoindre !

 

Aucune réponse ne se fait entendre, alors ma colocataire me laisse respirer un peu.

 

– Il est sûrement sorti porter les poubelles. Mais, raconte-moi tout, Mag. J’ai hâte de connaître les moindres détails de ton voyage aux Seychelles.

 

Avant que j’aie le temps de placer un mot, elle continue :

 

– Hey, mais j’y pense : ton copain, ou fréquentation, je ne sais plus comment l’appeler… il n’est pas avec toi.

 

– Ouf ! S’il faut qu’on parle de ça si tôt dans la soirée, je vais avoir besoin d’un verre, moi.

 

– Sérieusement, ç’a été si moche. Je suis désolée.

 

– Ah ! C’est pas ta faute. Sans doute que, tôt ou tard, c’était dû pour arriver, cette histoire-là.

 

Il y a un an, j’ai rencontré un jeune homme agréable en voyage familial.

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